Après un dossier sur les genres des jeux vidéo, ainsi que sur un phénomène de la toile : le remix … Je vous présente un dossier sur un autre phénomène de la toile : les animations en flash !
Et tout particulièrement les flashs basés sur les jeux vidéo (c’est tout de même le thème de notre site).
L’informatique est la grande technologie de ce siècle et Internet en est son médium. De nos jours, avoir un accès à celui-ci procure une source immense d’informations, de possibilités, d’amusement.
Pourtant cela n’a pas toujours été ainsi. Il a fallu passer par le développement des ordinateurs, puis des réseaux et leurs protocoles de transfert, avant de pouvoir développer Internet. Et c’est un support qui évolue sans cesse !
Le but n’est pas, bien sûr, de retracer l’historique complet de cette invention. Il existe déjà de très bons sites qui ont développé des dossiers à ce sujet. En revanche un petit rafraîchissement de mémoire n’est pas superflu.
Au début, avant l’avènement mondial, ce qui allait devenir ce grand réseau fonctionnait avec des débits lents … TRES LENTS ! Atteindre les 14 000 bauds était magnifique à cette époque.
Dans de telles conditions il était impensable de faire transiter des informations lourdes. C’est pour cela que le texte était roi : pas très lourds (et encore)... les « sites » n’étaient fait que de cela.
Il fallait faire quelque chose et les programmeurs, alliés aux meilleurs techniciens améliorèrent la vitesse de transfert. On passa de 14 000 à 28 000 bauds, puis à 56 000.
C’est à partir de ce moment qu’Internet intéressa les gens. On pouvait faire passer plus d’information, donc on pouvait se permettre plus d’agréments : Embellir ses sites avec des images, des couleurs, des fonds d’écran … Proposer des contenus plus lourds etc.
C’est à ce tournant que de nouvelles technologies émergèrent : de meilleurs logiciels de compression, de nouveaux protocoles … est apparu le contenu Flash sur Internet.
Le flash est une technologie vectorielle en deux dimensions sur ordinateur. Elle permet de tracer des lignes, des courbes, des objets de façon à économiser de l’espace-disque. Il s’agit de définir les sommets d’une ligne ou d’un polygone, et de demander à l’ordinateur de calculer lui-même la ligne qui les joint.
Présenté comme cela est théorique, donc voici un petit exemple.
Prenez une image de 400*400 pixels sur un fond blanc qui représente une simple ligne droite noire. Vous pouvez l’enregistrer sur votre ordinateur de plusieurs manières. Si vous l’enregistrez comme une simple image, le fichier qui contiendra toutes les informations sur votre ligne sera lourd ! Conséquent !
Pourquoi ? Car l’ordinateur enregistrera PIXEL par PIXEL chaque élément de votre image. Et comme votre image fait 400*400 pixels, cela donne 160 000 informations à mémoriser. De plus il faut prendre en considération les variations de couleurs car il s’agit d’une ligne noire sur un fond blanc !
Le vectoriel, lui, agit différemment. Au lieu de retenir point par point votre image, il retient simplement les coordonnées de départ et d’arrivée de votre ligne, que sa couleur est noire et que le fond est blanc uniforme, sans aucune variation.
Cela ne fait que 4 grosses informations à mémoriser. Comparé à la méthode précédente, c’est plus facile et moins lourd.
« Mais alors comment l’ordinateur va-t-il afficher mon image quand je lui demanderai ? » C’est simple. Quand il devra effectuer cette tâche, il réalisera à ce moment le calcul lui-même et tracera en temps réel votre ligne en utilisant son programme. Le résultat est le même, voire mieux car si vous zoomez sur votre ligne vous aurez un effet crénelé moins fort (car votre ordinateur recalculera à chaque fois)
Avec cela, il est possible de faire des images moins lourdes ! C’est ainsi qu’une nouvelle façon d’animer est née ! Car il suffit de demander à l’ordinateur de déplacer les coordonnées de vos points et il calculera lui-même en temps réel ces déplacements … ces animations !
C’est ainsi qu’est née l’animation vectorielle.
« Mais vous parliez d’animation flash » ? Le nom est différent. J’y comprends plus rien. »
Effectivement le nom est différent car le logiciel qui utilise la technologie d’animation vectorielle s’appelle « Flash ». C’est un logiciel qui a été développé par la société Macromedia. C’est le plus populaire, le plus répandu. Il a été donc adopté dans la langue courante comme « animation flash ».
Après ce discours explicatif, revenons à Internet. Grâce à cette technologie, ce logiciel, il est possible de faire des animations moins lourdes, et donc plus facilement téléchargeables sur Internet.
Au début les gens l’utilisaient comme moyen d’embellir leurs sites. Cela bouge, on peut y mettre du son et le synchroniser, on peut programmer plusieurs scènes, plusieurs pages.
Les sites web entièrement fabriqués en flash apparurent.
Des artistes et des curieux se penchèrent aussi sur ce nouvel outil, et comme on peut y faire ce que l’on veut, de petits dessins animés, ils ont appris ce nouveau langage et ont fait des animations pour s’amuser. De vrai dessin animé par Internet en quelque sorte ! Comme par exemple l’artiste/animateur italien Bruno Bozzetto.
D’autres personnes se sont dit que puisqu’on peut faire de petits dessins animés, on pourrait y ajouter des éléments graphiques comme des sprits ou des petites images modifiées, venant de livres, de peintures, de photos... ou de jeux vidéo.
Je me souviens que le premier flash basé sur des personnages de jeux vidéo fut l’animation « Mario Twins »
Il s’agit plutôt d’un gros délire entre potes car, en effet, les dessins sont très brouillons et les voix off ont tendance à s’entremêler bruyamment plutôt qu’autre chose.
Mais ce qui a plu, dans cette animation, est la nostalgie. En effet l’histoire est un type qui achète une console NES d’occasion et y joue avec son ami. Faisant eux-mêmes les bruitages, les auteurs jouent sur la notoriété du jeu Super Mario Bros, qui a mit Nintendo sur le devant de la scène mondiale. « Nostalgie » aussi car tout le monde connaît ce jeu, tout le monde se souvient de sa mélodie.
Et bien entendu, quand quelque chose marche, cela fait des émules. D’autres surfeurs tentent de faire leurs propres petits dessins animés.
Le but de ce dossier est de parler des animations qui sont basées sur des jeux vidéo, mais ce phénomène peut toucher n’importe quoi, et il y a de nombreux artistes qui ont fait leurs créations personnelles. Cela vaut le détour, mais aussi de le découvrir par soi-même.
Il y a plusieurs sites qui regroupent les créations animées de surfeurs. Le plus connu est « Newgrounds » (http://www.newgrounds.com). Site américain, il est hélas en anglais et aucune version française n’est disponible. Pourtant son ergonomie est très simple.
Pour revenir aux jeux vidéo, certaines personnes se sont alors débrouillées pour récupérer les graphismes issus d’anciens jeux soit pour les faire revivre soit pour faire des scènes de théâtre. L’histoire est en général portée sur le comique ou l’aventure. Ainsi Randy Solem fit une sorte d’histoire sur le monde de Mario avec sa « saga » (je trouve pas tellement d’autres mots) « Rise of the Mushroom Kingdom ». Il poste ses flashs sur Newgrounds, et là, il obtient un succès phénoménal ! Les surfeurs lui demandent une suite, ce qu’il fit. Il en profita aussi pour créer son propre site « Pixelled Parodies » (http://www.videogamedc.com) où il propose aussi ses autres délires sur d’autres jeux d’antan.
Bien d’autres sites se développent ça et là et de nouvelles personnes arrivent et font aussi sensation tel que Paul ter Voorde et son remake de scènes culte de Matrix avec les personnages de Mario et Luigi.
Hélas comme tout succès rapide, vient aussi un essoufflement et des controverses.
Comme ce nouvel outil n’est pas trop difficile d’accès, surtout pour la nouvelle génération qui a grandi avec les ordinateurs et Internet, des gens de plus en plus jeunes, des ados et des préados, ont créé des animations de toutes pièces en repiquant par ici par là, et ébauché une histoire en une demi heure et se croient aussi talentueux qu’un réalisateur d’Hollywood (parlant souvent de « movies » pour leurs créations). Comme soumettre un flash sur un site communautaire n’est pas très compliqué, ils se prennent pour des génies… Cela tient plutôt de la mythomanie !
C’est ainsi qu’un nombre incroyable de mauvaises animations ont déboulé sur la toile. Le cas typique du mauvais exemple est celui de Matt Andrade alias « MajinPiccolo » avec sa série des « Skittles N' Bitz » et « Pixels on the Brain » avec un humour gras, racoleur, répétitif et limite pipi-caca, mettant en scène des personnages de jeux vidéo, surtout de Nintendo, à qui n’arrivent que des idioties telles que glisser sur une peau de banane (et encore cet exemple est innocent).
Son inspiration (qui tient plutôt du copiage) vient de la série américaine « Chiken Robots » avec des pantins articulés, gardant le même esprit (imaginer des scènes « off ») mais avec un humour, une imagination et une créativité plus que médiocres. Il a d’ailleurs poussé le vice à copier les transitions visuelles de cette série.
De véritable flamewars ont eu lieu sur divers forums, dont celui de Newgrounds, où les plus adultes tentèrent de faire comprendre aux « Kevins » qu’il n’a là aucune création propre, aucune gloire et même pas d’amusement réel avec ce genre de flash. Ce qui bien entendu blessa ces jeunes surfeurs dans leur amour-propre (« on ose toucher à mon bébé ! »), qui n’acceptent pas la critique, ne se remettent pas en question et gueulent à tout va. Colère d’enfant, comportement ridicule de gamin...
C’est l’un des problèmes lié à Internet, la discussion intergénérationnelle difficile, mais là n’est pas le sujet.
MajinPiccolo d’ailleurs souffrira d’un très sévère retour de bâton où il s’est fait copieusement moqué d’une façon subtile : des personnes ont fait une collaboration sur un flash et ont parodié à l’extrême en se moquant systématiquement des (mauvaises) références humoristiques de MajinPiccolo ainsi que de son égocentrisme qu’il avait affiché fièrement quand il postait un nouveau flash.
Un autre cas qui fait aussi débat est celui de Alvin-Earthworm (c’est son pseudonyme) et de sa série « Super Mario bros Z ». En effet il n’y a là rien de réellement créatif : les graphismes sont piqués sur plusieurs jeux vidéo, et l’auteur ne cache pas le fait qu’il se soit LARGEMENT inspiré du dessin animé japonais « Drabon Ball Z ». Comme plus haut, le débat est identique mais moins houleux : les plus âgés ne voient aucune originalité sur aucun plan (scénario, graphismes, sons), mais c’est un succès chez les plus jeunes surfeurs (influencés sans nul doute par le dessin animé japonais cité précédemment).
Pourtant il existe des gens talentueux qui tentent de faire des histoires plus originale et totalement de leurs mains, sans s’aider de « sprits » piqués à des jeux. Certes des fois l’humour n’est guère mieux élaboré, mais l’effort de faire tout soit même jusqu’au dessin est méritoire. D’autres, qui sont de véritables dessinateurs, réfléchissent longuement à leurs histoires, et bien qu’ils mettent beaucoup de temps à les créer et à les programmer, ce sont de véritables dessins animés. La meilleure histoire actuellement est faite par David Gornoski. Il s’agit de « Trowback the duck », un canard et sa passion des jeux vidéo.
Il y a aussi la célèbre parodie de Star wars : « Super Console Wars » où toute une équipe travaille dessus. Ces animations flashs bénéficient de très bons dessins et surtout d’une bonne dose d’humour, ainsi qu’un nombre incroyable de références aux jeux vidéo et à son histoire.
Si vous souhaitez découvrir ces univers, commencez par ces deux plus belles perles !